Aujourd’hui appelée villa Alix, la propriété de Monsieur Tancrède, directeur du Bon Marché à Paris, fut généreusement confiée aux bons soins des filles de la charité de Saint Vincent de Paul Dès 1937, une colonie de vacances de Notre Dame du sacré coeur de Paris y fut accueillie. La gare de Villers-Cotterêts facilitait l’acheminement des enfants depuis la gare du Nord.
La maison principale offrait un espace important. Le réfectoire était au rez-de-chaussée ainsi que la cuisine. Dans le prolongement de l’entrée (l’ouvroir) se trouvait la pièce où les petites pensionnaires apprenaient à coudre, tricoter, broder, etc. La chambre de la mère supérieure donnant sur le jardin, était située sur le côté gauche. La chapelle avait été installée sur le côté droit. A l’étage, se trouvaient des dortoirs avec des points d’eau rudimentaires, communément appelés salles de bain.
La petite ferme, autre bâtisse rejointe par un grand escalier de pierre, accueillait également l’institution. Elle regroupait des dortoirs, des salles de jeux, une salle de classe, une buanderie et possédait des dépendances type granges et bâtiments divers. On y trouvait un grand potager, un parc jardin pour se promener, jouer, organiser de petites fêtes ou des ventes de charité.
Une garderie avait été organisée au sein de la propriété. Elle était destinée aux petits Viviérois de moins de 6 ans, avant leur entrée à l’école publique. Ils y trouvaient du lait au goûter, accompagné de deux petits biscuits « pas vraiment fondants », appelés vitamines, mais bien appréciés pendant ces années de restriction.
La broderie faisait partie des travaux manuels les plus prisés. Elle faisait l’objet de kermesses et rapportait un peu d’argent. Les petites brodeuses confectionnaient de nombreux cadeaux de naissance, notamment des bavoirs.
Les villageois appréciaient ces ventes Pour clôturer ces journées festives, les visiteurs s’arrêtaient souvent aux cafés Riquet et Berthelot.
Les filles de la charité appartenaient à la communauté de Saint-Vincent de Paul, de la rue de la Tombe lssoire à Paris, dans le quatorzième arrondissement.
Soeur Marie de Saint Péreuse (Soeur Geneviève) fut servante, mère supérieure et croix de guerre en 1914-1918. Les preuves de son dévouement n’étaient plus à démontrer lorsqu’elle arriva à Vivières.
Soeur de Saint Péreuse avait sollicité les grandes familles pour des causes de bienfaisance et de charité. La Famille Tancrède répondit à cette demande. C’est ainsi que Vivières, petit village tranquille au coeur de la forêt de Retz, devint un lieu de colonies de vacances de Notre-Dame du Sacré Coeur.
Ainsi, dès 1937, pendant l’été, les petites pensionnaires purent profiter du bon air de la campagne.
Deux autres compagnes qui avaient déjà partagé des séjours dans les mêmes lieux que sour Geneviève se dévouèrent auprès des enfants :
- Soeur Louise originaire d’Amiens,
- Soeur Catherine d’origine polonaise qui aimait garnir l’église de fleurs généreusement données par la famille Somaini Carlo. Elle se chargeait également de recueillir le buis pour les Rameaux.
Quant à Mademoiselle Lucie, une dame de charité au service des religieuses, proche des villageois, elle fit fonction d’intendante.
Pendant l’exode, Soeur Geneviève partit se réfugier avec les enfants sans famille dans le château familial de Saint Péreuse dans la Nièvre.
Son frère lui apporta un grand soutien pendant tout le séjour. Des habitants de Saint Péreuse se souviennent des petites qui assistaient à la messe.
Suite à un changement de hiérarchie à Paris et à un conseil du 20 août 1940 l’ordre fut donné de rentrer à l’orphelinat de Vivières qui était menacé de fermeture.
La ténacité, le combat et l’amour pour ses petites permirent à Soeur de Saint Péreuse de rester à Vivières jusqu’en été 1943.